Rencontre d'hiver

"ce Dimanche, 10h au relais Danche, aux Bréviaires, Seine et Oise. Sur le thème du gris métal. Dr D "

A réception de ce billet, les invités, triés sur le volet, avaient tout décommandé pour venir, tout en se demandant bien où ils allaient mettre les pieds.

 

"Tu crois que c'est ça?".

Les Pallas passaient une à une sous le portique avec la même appréhension.

 

"Oui c'est bien là!"

"Et apparemment on n'est pas les premiers"

 

Mais quel était donc le but de ce rassemblement dément de DS gris métal ne se connaissant pas les unes les autres?

Un "dix petits nègres" ?

 

La réponse ne tarda pas: le Docteur Danche n'était pas là pour beurrer les sandwiches.

"les gars, vous êtes là pour m'aider à y voir plus clair sur le gris palladium AC108B."

 

Et le Docteur de distribuer les nuanciers à un public assez inquiet du verdict qui allait ressortir de tout ça.

 

Car, que diable, ces deux AC108B (pastille à l'appui) ne se ressemblaient pas du tout!

 

 

Les premiers résultats commencèrent à tomber du côté de Lionel.

"Moi j'dis que c'est bon.".

"Et puis l'intérieur des portes n'a pas été repeint, ça se voit"!

Le tout avec un net soulagement dans la voix.

 

Guillaume semblait de son côté plus en difficulté.

A sa décharge, les nuanciers eux-même, 66, 67 et 68, montraient trois coloris pas tout à fait similaires.

Mais son AC108B restait quand même bien plus foncé que tout ça.

C'est à de moment qu'il décida de sortir son va-tout en exhibant les marques des tampons usine Citroën sur l'intérieur des ailes.

 

Ivan comptait les points, serein et goguenard.

Sa 21 gris nacre, la plus à gauche sur la photo, avait passé le test du nuancier 69 avec succès.

 

 

Et tout à coup, un rayon de soleil changeait radicalement l'impression laissée par tous ces gris. On se savait plus où on en était, un truc à finir aux petites maisons.

Ivan conclut alors la séance par un sentencieux "eh bien Docteur, vous voilà renvoyé à votre incompétence".

Car en effet j'avais sous les yeux deux AC108B. L'un, au milieu, correspondant bien aux nuanciers. Et l'autre était clairement plus foncé, mais avec des tampons usine.

 

 

J'ai pris ensuite le temps de faire mes photos Danchotron.

La DS21 1967 de Lionel, tout d'abord.

Elle vient du 13 et a été achetée à la première main.

Elle a juste eu un voile extérieur.

 

 

 

Puis la DS21 1968 de Guillaume, qui a donc ses tampons, mais qui est pourtant plus foncée.

Ces photos en dessous l'une de l'autre illustrent au passage les coloris des moquettes: on rencontre assez souvent des DS ayant un intérieur or d'origine, et qui ont eu un cuir naturel rapporté mais sans changer les moquettes.

Ici on voit nettement l'écart de teinte.
Vous ne vous laisserez plus berner.

 

 

 

Ensuite, Guillaume nous a montré quelques éléments du dossier d'historique de cette très belle DS21 1968 (Ivan me confiait au retour ne jamais en avoir vu de plus belle).

 

L'accusé réception de la commande en Mars 67 à la succursale de Lyon.

 

On voit que le premier propriétaire était André Pupier.

Une recherche internet nous dit que la maison Pupier existe encore de nos jours aux Halles Bocuse, à Lyon, c'est un poissonnier réputé.

 

L'avis de mise en fabrication en Sept 67, 6 mois plus tard. Il fallait être patient pour avoir sa Pallas!

On informe au passage M Pupier qu'on ne peut plus la livrer à Paris. Ca doit lui être bien égal puisqu'il est à Lyon.

Mais cette mention est intéressante. Je connais des cas de DS qu'on allait chercher à Javel, mais en y réfléchissant, je connais des cas seulement jusqu'au millésime 67.

Est ce que ce courrier voudrait dire qu'à partir de 68 on ne pouvait plus ramener la voiture soi-même de l'usine? Je suis preneur de vos avis!

 

Et enfin, l'aboutissement, la facture, fin septembre 67.
Guillaume a aussi le barré rouge, ce n'est pas si courant.  

 

Et le dossier de Guillaume comporte encore ce document énigmatique, qui montre la DS dans son immatriculation lyonnaise d'origine: 2142 CW 69.

Et la DS semble ici plus claire qu'aujourd'hui. Non?

La qualité de la peinture actuelle étant exceptionnelle, les tampons ont pu être ajoutés, cerise sur le gâteau parachevant ainsi une oeuvre magnifique, car le rendu de ce gris est encore bien plus beau que celui de la 67.

 

Mais avant d'en arriver à des conclusions hâtives sur ces coloris, j'ajoute que l'irréprochable DS21 1968 du Docteur Estipallas, présentée ici, est, elle aussi, plutôt foncée!

Mais encore différente!

Et ce cher Estipallas m'a rappelé ce document exceptionnel de sa collection, montrant jour après jour toutes les difficultés rencontrées dans la mise au point du gris Palladium:

Javel, 1966 : les carnets de Monsieur Bednarek | Le Grenier du Docteur Estipallas (le-grenier-estipallas.blogspot.com)